Allez, c'est parti ...je vous dis TOUT.
Ca risque d'être long, je vous autorise à sauter des lignes.
Marie R me parle de la Transju en juin, j'hésite Odile m'a tellement dépeint le parcours de 17km difficile, que j'ai eu du mal à me projeter sur celui de 34 avec l'affreuse barrière horaire des 17km à faire en moins d'une heure. Et puis Nathalie s'est décidée et ne doutait pas qu'on puisse y arriver. Alors je m'engage aussi...
En août pour me motiver et rendre mes sorties en solitaire moins fastidieuses j'achète un GPS. Armée de ma nouvelle alliée, je vois mes progrès jour après jour. Persuadée qu'il faudra réaliser 17km de pure montée en moins d'une heure, je me construis des circuits autour de Génissieux et de Chabeuil uniquement en montée et franchement suivant les dénivelés il fallait que je m'arrache pour atteindre mes objectifs horaires. Fin août j'ai fait des sorties de 2h sans réfléchir le plus à fond possible... les yeux rivés sur la montre : vitesse, temps, distance, dénivelée...
Enfin le mois de septembre est là, pas trop tôt ! Et le vendredi avant la course je passe chez Chantal et Philippe récupérer mon casque neuf. Ils me décrivent cette course qu'ils connaissent si bien. D'après eux je peux mettre près d' 1h45, alors que je visais 2h. Ils m'expliquent aussi le dernier raidillon surprise dans Mouthe et le tour complet du village. (J'ai bien pensé à vous et à vos précieux conseils.) Avec le chrono annoncé par Philippe je me dis qu'il faudra que je parte plus vite que lors de mes entraînements et que je ne perde pas du temps bêtement à trifouiller ma montre.
Bref, on verra. Ca cogite dur ! Une seule chose de sûre, je ne veux pas rouler en wagon tenue par quelqu'un et à tracter un autre. Hors de question d'être prise dans un étau. Il me faut mon espace vital pour descendre à ma main et monter comme une fofolle si j'en ai envie. Mais faire en solo, pas raisonnable d'après Yves, à cause de la barrière horaire.
Bref, horreur
, malheur. J'en ai marre. Ras le bol du stress d'avant course. On se retrouve tous à l'hôtel à Jougne autour d'un bon repas et quelle ambiance ! On rit ! On s'entend super bien !Et on a tous très envie de patiner.
Le jour J on se range sagement derrière les élites hommes, les hommes, les filles élites... bref au fond quoi ! Les hommes partent. On avance et finalement on se retrouve en première ligne, toutes les élites collées comme des sardines à droite de l'arche de départ et nous à gauche.Le monsieur au micro nous indique que ce n'est pas le départ réel, qu'il faut partir à allure modérée et qu'il est interdit de doubler la moto arbitre. Il nous répète ceci plusieurs fois avec Christel on a mal au ventre, on n'en peut plus et on veut partir...Le vrai départ sera donné plus loin, je n'ai même pas vu où...Finalement les élites sont parties comme des balles, des folles furieuses, je suis, du moins j'essaie. Je n'ai jamais fait un tel départ, j'en ai mal aux tibias, Christel aussi !Elle regrette les cigarettes fumées la veille et s'inquiète d'être essoufflée... Mais bon elle parle encore beaucoup notre Zébulon pour quelqu'un a bout de souffle ! J'essaie d'allumer mon chrono, le départ doit être dépassé et fausse manip je me trouve dans le menu, tant pis je l'éteins et ferai aux sensations. C'est à ce moment là , à la sortie de Pontarlier que Marie R me double à fond les ballons, Nathalie m'encourage en criant " suis là ". Grosse surprise sortie de Pontarlier ça descend, je m'accroche de toutes mes forces et suis Marie R à la trace, mais quel avion !!! Elle est folle, mais comme j'ai l'air d'avoir de super jambes je suis le rythme.Malheureusement Nathalie a eu des filles qui se sont intercallées et l'ont ralentie et l'écart s'est creusé.
On fait 9 km sans réussir à rentrer dans le wagon qui nous tente, ils ferment bien les portes, ça ne rigole pas, ça craint ...On roule un peu derrière ce wagon et souvent à côté, les derniers patineurs n'ayant pas un pas régulier...pas facile.On aperçoit Berry, à son rythme on devine qu'il attend des filles. On crie toutes les deux assez tôt pour qu'il accelère et arrive à nous suivre s'il le souhaite. Marie R devant, et maintenant Berry avec nous, c'est idéal. Vu le rythme et le profil de la route plus de souci pour la célèbre barrière horaire, je sais que tous les patineurs de notre équipe de Chabeuil vont réussir à faire la totalité du parcours.
Marie fait un écart pour taper dans les mains des enfants qui nous encouragent. Alors là, j'hallucine ! Quelle nana !!! Elle roule hyper bien et en plus s'amuse. Arrive enfin la première belle montée, je prends le relais de Marie, à mon tour de travailler. Mais là rapidement Berry me dit " Sylvie, Marie ne suit pas, qu'est-ce qu'on fait on attend tout le monde ? "
J'ai des jambes d'enfer, comme jamais, ça monte et j'aime ça. Je trouve cela facile, je double du monde, j'ai des ailes. Je lui réponds que je poursuis. Marie et Nathalie vont faire équipe et nous rejoindront sans problème. Je connais ces 2 nanas et sais la caisse qu'elles ont. Sur la ligne de départ Nathalie et Marie avaient clairement dit que si on pouvait rouler ensemble tant mieux, mais que ce n'est pas une rando mais une course et qu'il fallait que chacune se fasse plaisir. Pendant qu'on discute et hésite Christel arrive dans mon dos, mon Zébulon favori va super bien et nous prévient qu'elle attend Marie B et Pascale. Elles se sont entraînées ensemble, je comprends sa décision. J'ai peur qu'en baissant le tempo ça me coupe les jambes et décide de continuer, finalement Berry fait de même. Tant mieux pour moi, patiner avec quelqu'un qui a le même maillot ça rassure, on s'encourage, on discute ... ça passe super vite.
Arrivés à Malbuisson pile en 45min quand est donné le départ des derniers 17km, pas mal de monde à doubler. Montées et descentes s'enchaînent. Je tricotte souvent depuis Pontarlier avec un gars en bleu ciel et sa nana. On se perd de vue, on se retrouve, on se double, trop sympa on finit par discuter.Ils sont du coin et connaissent le circuit par coeur. De plus en plus de vent de face, quand je suis devant Berry me pousse, puis on alterne j'essaie de faire de même. Mais il descend mieux que moi. Pendant les 34 km je n'ai pas donné un seul coup de frein, j'ai patiné sans cesse, mais lorsque le revêtement n'est pas top l'écart se creuse. Je suis obligée au début de chaque montée de faire l'élastique et de sprinter comme une dingue pour reprendre ses roues... à force l'élastique va péter...mais non, tout va bien et le gars en bleu ciel me distrait, il fait le spectacle en patinant hyper bien et en faisant des magnifiques départs arrêtés même en pleine côte pour attendre sa compagne.
Vue sur le lac magnifique, on double toujours, peu de rouleurs, beaucoup d'isolés, pas de wagon, le pied...J'invite plusieurs fois Berry à partir, Yves fait sa course seul et s'éclate, il peut faire de même. Non, il n'a pas envie de faire cavalier seul. A 5 km de l'arrivée un wagon nous double en descente, j'encourage Berry à le prendre, il fait l'effort et prend le train. Moi je reste scotchée, vent de face, goudron pourri, j'avance peu. Peut-être que je fais du chasse neige en descente sans le savoir ! Je double tout de même des gars et un de Valence me demande l'autorisation de profiter de mon abri, pas de problème. Dommage il semble cramé et ne me pousse pas, je le dépose au bas de la montée et à la faveur de celle-ci me rapproche du groupe de Berry. Il reste 2km et Yves qui en a fini m'encourage et me décrit ce qui m'attend. Il faut appuyer, le goudron est encore mauvais, petit mur raide et pour finir que du plat, Berry et son groupe prennent le large, mes pieds n'en peuvent plus de toutes ces vibrations. Le Valentinois renaît de ses cendres et me passe, je ne sais plus patiner. Je finis seule, c'est dur et tout à coup un angle droit et un drapeau qui m'indique que le vent devient favorable. Alors là je me prends pour une star du roller, bien penchée en avant, mains dans le dos et poussée latérale, trop bon ! J'hésite à faire un grand écart à l'arrivée comme les pro...Suspens, qu'elle heure est-il ? 12h30 ou pas ? Vite je demande à tout le monde, une spectatrice finit par me dire 12h12, incroyable ! Quel bonheur.
Finalement j'ai mis 1h38, sur mes talons arrive Christel en 1h39 elle a bien éliminé ses cigarettes et m'apprend qu'elle m'avait en ligne de mire depuis un moment...Nathalie a beaucoup roulé seule et mis 1h43 dommage qu'on est été séparées au départ. Marie R qui a fait honneur à tous les ravitaillements finit en seulement 1h44 ! 1h52 pour Marie B et 1h57 pour Pascale qui arrivent et ont le sourire. Toutes les filles sous les 2h GENIAL !
Yves a mis 1h17 le temps qu'il avait prévu et Berry 1h39, il avait les moyens de faire bien mieux en partant seul plus tôt, mais j'ai eu le plaisir de rouler avec lui, alors MERCI. Course super agréable si on est bien préparé, mais qui un jour sans, peut se transformer en galère. Première compétition pour moi de ce type, la route fermée c'est très sécurisant, l'ambiance était très bonne. A l'arrivée les gens que l'on a vus en course viennent taper la causette, même l'athlète bleu ciel surdoué vient me demander des conseils pour rouler dans le Vercors...
Ma maman a trouvé le patinage des 4 premiers Suisses arrivés en convoi exceptionnel magnifique... ils ont pris tout le podium ! Et elle a admiré le courage des derniers...
On est rentrés tous les 8 ravis. Le lendemain Nathalie, Marie R et moi-même n'avions aucune trace physique de nos exploits ! Moi quand même il faut que j'avoue une nuit blanche, trop contente impossible de dormir... J'aimerais bien des conseils pour éviter cet état d'après course quasi systématique...